SANGANI Sahabi
La queue de cheval à sa main droite montre qu'il est un conseiller du chef du village. Son chapeau et la queue de vache à sa main gauche symbolisent qu'il est un guérisseur.

SANGANI Sahabi est né dans la forêt aux entourages du village de Parampa. En ce temps, la façon européenne de compter les années n'était pas encore arrivée, donc il ne connaît pas l'année qu' on l'a mis au monde. Il a peut avoir 55 ans. Son père avait une seule femme dont il est le cinquième de six enfants – trois filles, trois garçons.
Au temps de sa naissance, les villageois ont fuient dans la brousse lorsqu'ils ont appris que les militaires arrivaient. Les militaires avaient une autre position par rapport à aujourd'hui; il y avait la maltraitance, et la violence sans cause. Comme ça, Sahabi a passé les premières années de sa vie en se cachant dans la forêt et pas dans le village même.
Lorsqu'il avait quatre ans, Sahabi a commencé par aider au champ. Mais chaque année au temps de la rentrée, les étrangers du Sud du Togo sont venus pour chercher et amener les enfants à l'école. Comme il y en avait seulement au Sud, ils ont séparé les enfants de leurs parents. Les villageois n'en voulaient pas, donc ils cachaient les enfants dans la brousse chaque année au temps de la rentrée. Dans le village même, il n'y avait pas ce qu'on appelle « école », donc Sahabi n'a pas fréquenté.

Quand Sahabi avait environ dix ans, ses parents l'ont envoyé au Nigeria pour gagner de l'argent. Il y avait plusieurs enfants du village qui y sont allés ensemble Avec Sahabi, guidés par un villageois qui connaissait les lieux de travail. Comme il y avait pas encore les voitures ou motos, ils ont marché à pied. Dans les villages, ils ont aidé au champs pendant un an. Avec l'argent gagné, les enfants sont revenus au village pour le donner à leur parents et repartir au Nigeria.
Ici, auprès de Google Maps, vous pouvez trouver les grandes villes mentionnées ensuite dans lesquelles Sahabi vivait et travaillait.
Dans ce groupe, Sahabi est allé au Nigeria pendant huit ans, surtout dans la région d'Oyo. Ils ont travaillé dans le village de Gajigbo pendant trois ans, à Igbo-Olosan pendant deux ans, une seule année à Alawusa et puis deux ans à Ilorin.
Après tout ce temps, il s'est séparé du groupe pour aller au village d'Ile-Ifè pendant trois ans, toujours en aidant les agriculteurs. Puis, Sahabi a décidé d'aller en ville pour travailler. Il était aide-maçon à Abe-Okouta pendant un an avant de rester à Oyo pour quatre ans. Là, il n'avait pas du travail fixe ; si les agriculteurs des villages aux alentours ont cherché l'aide, il est allé avec eux ; s'il y avait du travail en ville, il est resté en ville.
Quand son père est mort, il est retourné à son village natal, Parampa. Là, il a aussi épousé sa première femme. Avec elle, Sahabi est retourné au Nigeria, cette fois pour la ville d'Ibadan. En ville, il a trouvé du travail comme gardien de quartier de nuit. C'est aussi ici qu'il a créé sa famille : Sa femme a mis son premier fils au monde, Aliou.
Quatre ans après son arrivé à Ibadan, Sahabi a décidé de retourner au village d'Ile-Ifè pour travailler dans l'agriculture. C'est là que sa famille a encore grandi, quatre ans après la naissance de son premier fils : Sa première fille, Nima, est née ici. Dans ce temps, une femme devrait attendre trois ans après la naissance d'un enfant pour tomber encore en grossesse. Si elle a constaté qu'elle était enceinte avant cet temps, elle pouvait aller chez les sages qui lui ont donnée un produit pour que l'enfant cesse de grandir. Arrivé au temps de trois ans, elle est revenue chez les sages qui lui ont maintenant donné un produit pour que l'enfant recommence à grandir.
Après une durée de trois ans à Ile-Ifè, la famille est retourné à Ibadan où Sahabi a repris son travaille comme gardien de quartier.
En ce temps, le gouvernement du Nigeria a décidé de renvoyer tous les étrangers au territoire. Sahabi pense que c'était une réaction à un décret du gouvernement du Ghana qui avait aussi exclu tous les étrangers du pays. Il se rappelle que le Ghanaéns n'étaient pas bien traités. Alors c´était une vangence du Gouvernement du Nigeria á ce décret ghanéen: Pendant que les bus étaient organisés pour que les Togolais puissent retourner dans leurs pays, personne n'a aidé les travailleurs à retourner au Ghana. Ils ont même refusé de leurs donner l'eau.

Alors, Sahabi est retourné à Parampa avec sa famille pour rester avec sa mère. En ce temps, le village de Parampa avait déménagé pour faire partir du village de Balanka à coté. Maintenant, Parampa est considéré comme un quartier de Balanka.
Sa femme est encore tombée grosse. Donc quand il est reparti au Nigeria après un an, elle n'était pas dans un bon état pour Voyager avec lui. Par conséquent, Sahabi est parti seul. Sahabi a travaillé à Ibadan pendant trois ans sans voir sa famille avant que sa femme ne l'a rejoingne avec le nouveau bébé : Moudah. Les deux grands enfants, elle les avait laissés à Parampa chez la famille.
À Ibadan, Sahabi a vécu dans une grande maison. Un jour, un homme est venu pour chercher un lieu à vivre pour sa sœur. En prenant la bière avec Sahabi, il l'a aussi raconté que cette sœur vient de divorcer. Si elle plaît à Sahabi, disait-il, il n'avait qu'à lui faire la cour. Quand elle venait pour vivre avec Sahabi, elle avait un petit enfant au dos, mais elle l'a plu. Donc, ils se sont mariés.
Deux ans après, la famille déménageait au village d'Igbo-Olosan aux alentours d'Oyo. Là, Sahabi a eu son premier enfant de sa deuxième femme : Sikiro. La famille déménageait encore au village de Gbajigbo où la première femme tombait enceinte. Pour mettre son enfant au monde, elle revienait à Parampa. Là, elle laissait Moudah avec la famille pour rentrer au Nigeria avec la plus petite, la nouvelle-née Mariama. En même temps, la deuxième femme donnait son deuxième fils à Sahabi : Sarafa.
Mais Sahabi ne pouvait pas trouver de travail à Gbajigbo ; il n'avait même pas l'argent pour acheter les nouveaux tapettes. Donc, il décidait encore de déménager, cette fois à Igbagbo. Sa première femme refusait de venir avec lui, donc Sahabi quittait le village seulement avec sa deuxième femme et ses enfants. Depuis là, il n'a plus vu sa première femme. Il a entendu qu'elle a encore épousé un autre mari.
A Igbagbo, sa famille s'est élargie malgré tout : La deuxième fille, Sahada, est née. Après qu'il avait fait six ans à Igbagbo, Sahabi constatait que l'argent, malgré tout ce qu'il avait espéré, ne rentrait pas. Après toutes les années qu'il avait travaillé à l'étranger, il n'avait même pas trouvé les moyens pour acheter la tôle pour sa propre maison. C'est à cause de ça qu'il a décidé de finalement rentrer chez soi, à Parampa.
Là, il vivait chez sa famille avec sa femme et ses enfants. Mais dans la même année de son arrivée dans son village natal, sa deuxième femme le quittait un matin. Sahabi restait encore un an à Parampa avec ses enfants avant de décider encore déménager, cette fois à Notsé au Togo. Il laissait Sikiro chez un frère, une sœur adoptait Sahada. Seulement Sarafa restait avec lui ; selon Sahabi, c'est Dieu qui lui à dit de le prendre. À Notsé, Sahabi est resté pour une demi-année avant de retourner au Nigeria, cette fois à Lagos. Là-bas, il travaillait comme gardien de maison et quartier. C'est peut-être après quatre ans, en 2000 qu'il a décidé de retourner chez lui. Comme l'argent ne rentrait pas non plus dans cette grand ville.
Après un an, son fils Sarafa commençait l'école ; après trois ans, Sahadi épousait sa troisième femme. Dans la même année, elle l'a donné son dernier enfant. C'est 23 jours après sa naissance que sa deuxième femme est retournée chez lui pour prendre soin de son enfant Sarafa.
C'est en 2005 que Sahada est revenu chez son père, et un an après, Sikiro est aussi venu pour vivre avec la famille. En 2006, Sahabi a construit une maison pour sa famille.

Depuis qu'il est retourné à Balanka, Sahabi a constaté qu'il est trop vieux pour travailler au champ. Comme il avait appris de la part de son père comment appliquer les différentes plantes qu'on peut trouver dans la brousse, il est maintenant devenu guérisseur. Il n'a jamais mis pied à l'hôpital ; selon lui, le jour qu'il y rentre, il est déjà mort. Tous ces enfants sont nés à la maison. Quand ils sont malades, il va aller chercher les produits dans la brousse. Ça, il n'y a pas à l'hôpital.

Sahabi parle quatre langues : Anii (Balanka), sa langue maternelle ; Ana (Manigiri, Bénin) et Kotokoli (Sokodé, Togo) qu'il a appris des étrangers restants à Balanka ; et Yorouba (Nigeria) qu'il a appris pendant son séjour au Nigeria,

Sahabi a beaucoup travaillé pendant sa vie, mais il a toujours les soucis d'argent. Sinon, il est très content qu'il est toujours en bonne santé, que tous ces enfants sont en bonne santé et qu'il n'y a aucun problème dans sa famille. Pour tout ça, il remercie Dieu.

Photo, interview et documentation : ZELLER Sarah
Interpréteur pendant l'interview : SANGANI Sarafa